Séraphin, souffleur dans l'orchestre de
Séraphin, souffleur dans l'orchestre de Giuseppe,
termina son service comme tous les soirs à minuit pile
Posant sur son nez ses lunettes kaléidoscopique à infrarouges
Il se pressa de rentrer chez lui par l'étroit chemin
longeant la falaise qui surplombait le lac noir...
fréquenté à cette heure par une faune peu recommandable
Il ne devait pas perdre un instant pour rejoindre sa future épouse
installée dans le lit
et qui comme à l'accoutumé, se déplierait en quatre pour lui faire plaisir
Ils devaient tous deux être en mesure d'exécuter à la perfection
les cent huit positions du Kamassoutra Briançonnais
requises pour le permis de mariage
Le curé du village, seul ecclésiastique du canton habilité à faire passer l'épreuve
était d'un naturel sévère
il bénéficiait d'un droit de cuissage lui permettant d'évaluer le savoir-faire
de la future épouse, ce n'était guère du goût de Séraphin et Maybelline
qui repassaient l'épreuve pour la cinquième fois...
Comme disait M. le curé :
Dans la vie il faut savoir faire des concessions,
un point de vue que personne n'avait osé contester
Séraphin en chemin réfléchit à son avenir...
Il quitterait bientôt l'orchestre,
Maybelline travaillerait et s'occuperait seule du foyer
ce qui lui laisserait grandement à lui le temps de se préparer à la chasse
A Grateloup en effet les femmes travaillaient pour subvenir aux besoins de la famille:
élever les enfants, tenir la maison ext...
L'homme par tradition, depuis la nuit des temps chassait le mammouth
et le reste du temps se préparait aux bistro avec le copains
Les propos de Giuseppe à ce sujet lui revinrent en mémoire :
Nous sommes fait pour chasser c'est tout...chasser le mammouth comme nos ancêtres !
et il ajouta à l'adresse de son épouse qui le regardait en coin
- C'est comme ça !
Puis à Séraphin :
- T'en croises encore beaucoup des mammouths toi ?
Allons, ça fait des milliers d’années que les hommes ailleurs qu'ici à Grateloup
s'évertuent à travailler pour donner le change, mais les mammouths ont disparu,
le cœur n'y est plus,
... est-ce notre faute à nous , à celle d'Abaco, d'Abdel, d'Abdías,Abdón, Abel, Abelardo, Abencio, Abi,
Abib, Abilio, Abner, Abraham, Abram, Abundancio ...
Giuseppe s'arrêta là dans son entreprise d'énumération de prénoms espagnols commençant par la lettre A
et marqua un temps au stabilo fluo après avoir aspiré cul sec le bol d'oxygène que lui tendait Raymonde,
son épouse
il reprit son souffle ( qu'il avait posé sur la table) et enchaîna avec véhémence :
- Allons..Séraphin tu ne vas pas continuer à bosser alors que tu vas te marier ?
Ne t'inquiètes donc pas pour moi , je trouverais un autre souffleur !
Séraphin sortit de ses reflexions en tambourinant à sa porte ...
et l'histoire se termina là, en queue de sirène,
les personnages se volatilisèrent en deux claquements de nageoire
"flap flop" ..
"on verra bien pour une suite demain"
se dit Séraphin en se jetant sur Maybelline